Sur les routes d’Argentine

Un mois que je tente d’écrire cet article dans la grisaille londonienne retrouvée. Ce voyage fut incroyable, il m’a fallu du temps pour ordonner  mes souvenirs avec cohérence. Voici , enfin, mes 5 raisons de visiter le Nord de l’Argentine.

Buenos Aires : un peu d’Europe en Amérique du Sud

On pourrait aisément confondre les rues de Buenos Aires en août à celles d’une capitale européenne au mois d’octobre : les passants, les enseignes, les boulevards, la perspective partant du Congrès, la place principale…

La capitale a de quoi occuper pendant plusieurs jours, c’est une ville animée et surprenante. La vague d’immigration italienne du XXe siècle est visible dans les petits cafés à grandes fenêtres éparpillés dans les rues et la culture de la crème glacée. A Buenos Aires, on dit « Ciao ».

Je vous encourage à faire une visite guidée du centre-ville. Le passé politique et économique de l’Argentine est houleux et Buenos Aires fut l’épicentre de tout ce qui secoua le pays. Notre guide nous a expliqué que les idées du Péronisme, mouvement né dans les années 40, déchirent encore aujourd’hui les repas de famille comme les dernières élections américaines.

La Place de Mai, visible depuis le palais présidentiel, cristallise ces tensions.  Plus d’une manifestation a lieu chaque jour sur ses pavés fracassés. Le fameux mouvement des mères et des grands-mères de la place de Mai qui cherchent toujours les disparus de la dictature de 76-83 et les militaires oubliés de la guerre des Malouines sont les représentations les plus visibles.

Mafalda est un personnage de bande dessinée originaire de Buenos Aires

-Mon poupon est très intelligent, il dit « Maman » quand on lui appuie sur le ventre
-Il est étranger, non ? -Je ne sais pas, pourquoi ?
-Parce ce que s’il était argentin et qu’on lui appuyait sur le ventre…
-…il crierait « En grève ! »

Mais Buenos Aires n’est pas qu’une ville meurtrie et politisée. C’est aussi une ville de tangos improvisés ou non, de murs artistiquement peints et tagués, de marchés, de musées et de douces après-midi à boire du maté entre amis dans un parc.

Place de Mai

Credit : Ann

Credit : Ann

Pour imiter les Porteños, les habitants de Buenos Aires, il vous faudra un thermos d’eau chaude, un verre, la paille adaptée et un sachet d’herbe à maté. Il se boit entre amis au parc ou à n’importe quel moment d’inactivité de la journée.


Les légendaires Iguazu 

Pour observer les chutes d’Iguazu, il faut s’aventurer aux confins du pays entre les frontières du Brésil et du Paraguay.

Un côté est en Argentine, l’autre au Brésil. La cascade puissante qui s’étend sur plusieurs centaines de mètres s’aperçoit de loin. On crapahute quelques heures sur des sentiers bien définis au milieu de touristes de tous âges jusqu’à arriver perché(e)s au-dessus de la « gorge du diable ».  Le bruit, la brume, le débit, tout est spectaculaire.

Parmi les activités proposées dans le parc, un petit bateau vous emmène sous certaines parties de la cascade. Armez-vous de ponchos imperméables mais ne vous méprenez pas, vous serez trempés.

Nous avons fait les frais des coatis habitués à piquer le déjeuner des touristes : un moment d’inattention et leurs pattes étaient sur nos sandwichs, le combat était perdu d’avance et nous sommes retournées penaudes à la boutique.
La région, ses oiseaux et sa végétation m’ont rendue nostalgique du Costa Rica à vivre pieds nus en 4×4 dans un climat tropical.

Résultat des courses : un tampon brésilien dans mon passeport et ma première merveille naturelle du monde.

Coati chipeur- Credit : Ann


La nourriture

Credit : Ann

J’ai rarement aussi bien mangé que durant ce voyage. Nous avons exploré différentes régions et à chaque fois été agréablement surprises par les plats qui nous étaient servis. Mes compagnes de voyage vous feraient également l’éloge du vin argentin. La nourriture est riche et non épicée avec des soupes, des plat chauds en sauce et beaucoup, beaucoup de bonne viande. L’élément central de notre alimentation, l’empanada, se vend dans tout le pays, c’est une valeur sûre.

Il ne fait pas bon être une vache en Argentine : empanadas de carne, confiture de lait, glaces, steaks…elles sont très demandées.

Et si par hasard, vous vous demandiez quel goût a la viande de lama, je peux vous répondre que c’est similaire au veau.

Credit : Ann


Pratiquer votre espagnol

La plupart des touristes que nous avons rencontrés visitaient leur propre pays ou venaient plus largement d’Amérique Latine. L’espagnol est la langue de toutes les communications, l’anglais ne sera compris que peu à Buenos Aires et ne vous sera d’aucune aide dans le reste du pays. L’espagnol d’Argentine est unique ; le double « L », très courant, qui se prononce « y » dans la plupart des pays hispanophones, se prononce « j »  et certains mots sont tout simplement argentins.

Si vous ne parlez pas espagnol, deux options s’offrent à vous.

  • Vous parlez une langue latine et vous pourrez déchiffrer les menus et panneaux et réserver des billets de bus en fournissant un papier et un crayon au guichetier.
  • Vous n’êtes pas un grand linguiste et alors ce sera l’aventure. Il faudra être flexible sur ce qui atterrira dans votre assiette et retenir la prononciation de vos découvertes préférées (« em-pa-na-da-de-car-né-por-fa-vor »).

Dans les deux cas, tout ira bien. Le pays et les habitants sont chaleureux et accueillants. La météo est clémente, les routes lisses, les directions claires et les spécialités locales ne cachent pas de mauvaises surprises.

Si je vous disais que nous avons parcouru les milliers de kilomètres qui séparent les points d’intérêt du pays en bus, l’image qui vous viendrait à l’idée ne serait certainement pas la bonne. Nous avons passé jusqu’à 27h dans ces bus mais la réalité est loin de la carriole pour bestiaux. De nombreuses compagnies proposent des sièges complètement inclinables avec télévision et services de restauration à bord. J’ai passé des heures à observer un ciel constellé d’étoiles à travers la vitre, installée en première classe.

Credit : Jolanda


Découvrir le Far West sans passer par la douane des Etats-Unis

Après ces longs trajets de bus, nous avons opté pour la voiture pour découvrir la région andine de Jujuy, proche de la Bolivie et du Chili. Je ne connais pas l’ouest américain mais c’est l’idée que j’en ai : les colonies de cactus, les canyons rouges de poussière, de longues routes bétonnées sur lesquelles rien ne passe, ni véhicule en sens inverse, ni signal téléphonique. Les paysages sont dignes de film de cowboys.

Mais quelques éléments trahissent notre présence en Amérique du Sud.
Salta, la plus grande ville de la zone nous a enchantées avec son panorama sur les Andes, son centre-ville et son animation nocturne.
Les maisons au pied des montagnes ont des façades blanches et ocres et des toits plats.
Nous avons parcouru un désert blanc à 4000m d’altitude. Le sel qui y est collecté est utilisé pour nourrir le bétail, construire des habitations, fabriquer de petits objets de décoration, blanchir les métaux dans l’industrie et finalement pour la consommation humaine.
Les villes de Purmamarca et Humahuaca promettent aux touristes des collines à sept, neuf, vingt ( !) couleurs. Nous les avons crus sur parole et nous nous sommes contentées de regarder.
Nous avons fait un arrêt dans un bel hôtel au milieu des vignes et surpris des lamas en liberté le long de la route.

Ce fut ma partie préférée du voyage.


Salta

2 thoughts on “Sur les routes d’Argentine

  • 3 janvier 2018 at 5:12
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    Superbes photos, entre les couleurs et les empenadas ça donne envie 😉

  • 3 janvier 2018 at 3:21
    Permalink

    Awesome blog Elodie ! Can’t wait to read where your next journey will take you 😉

    Bisous

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